Entretien avec le vénérable NGIN PHEN (propos recueillis par ANN Tay Kim).

La moralité selon le Bouddhisme.

Quand on parle de la moralité, on pense à la bonne conduite, à la politesse, au respect de la règle de savoir vivre. Mais sur le plan religieux, le mot "Moralité" contient le mot Sila et le mot Dhamma, c'est-à-dire Moralité = Sila-Dhamma.

Qu'est-ce qu'on entend par Sila-Dhamma ?

Par Sila on s'interdit les mauvaises actions et on pratique les bonnes actions. Sila est une règle de conduite des actes et des paroles alors que Dhamma est l'éducation de l'esprit.

Prenons l'exemple des cinq préceptes.

- On s'interdit de tuer

- On s'interdit de voler les biens des autres, de voler la femme ou les enfants des autres

- On s'interdit de mentir

- On s'interdit de prendre des intoxicants

    etc ...

Avoir le Sila est nécessaire mais pas encore suffisant : il faut avoir en plus le Dhamma                  

- Au delà de "ne pas tuer", il faut aussi développer la bienveillance, l'amour, la compassion ou l'assistance aux autres. En effet si une personne refuse de tuer mais continue à déranger, à maltraiter, à blesser les autres par des actes ou des paroles, elle n'est pas fautive au niveau de Sila mais l'est au niveau de Dhamma.

- Je viens de parler du cas de "ne pas tuer", mais le raisonnement est le même pour les autres cas.

Non seulement il ne faut pas voler mais il faut aussi savoir faire des dons aux autres. Il ne faut pas commettre l'adultère mais il faut également savoir respecter sa femme. Il ne faut pas mentir mais il faut éviter de parler des choses futiles ou de provoquer des disputes ou des discordes. Il ne faut pas prendre des intoxicants mais c'est encore mieux d'être conscient de tout ce qu'on fait ici et maintenant : les hommes, généralement, ne vivent pas de leurs actes présents, mais vivent dans le passé ou le futur. Bien qu'ils paraissent faire quelque chose ici, à l'instant même, ils sont ailleurs, dans leurs pensées, dans leurs problèmes et préoccupations imaginaires. Ils ne vivent donc pas de ce qu'ils font à l'instant même, ils n'en jouissent pas.

Toute grande oeuvre, artistique, poétique, intellectuelle ou spirituelle est accomplie dans le moment où son créateur est complètement absorbé dans son action, où il s'oublie absolument, où il est débarrassé de la conscience de soi.

Conclusion :

Dans la société civile quand on parle de la moralité on pense à Sila. Dans la tradition bouddhique, la moralité est constituée d'un couple (Sila, Dhamma).