Méditation du cimetière

 Le disciple se retire dans la forêt.

1°/  En voyant un cadavre abandonné au cimetière mort depuis un, deux ou quatre jours, meurtri, décomposé, en pleine corruption, se dirait, en songeant à son propre corps : " Ceci, qui est mon corps, a aussi cette nature, cette destinée et n'y peut échapper. "   

2°/ En voyant un cadavre abandonné au cimetière, mangé par les corbeaux, les milans, ou les vautours, les chiens, les chacals, ou rongé par les vers, il conclut en songeant à son propre corps :  " Ceci, qui est mon corps, a aussi cette nature, cette destinée et n'y peut échapper. "   

3°/ Et le disciple contemplant un cadavre abandonné au cimetière, charpente d'os recouverte de lambeaux de chair éclaboussés de sang, maintenue par des muscles,

4°/ Charpente d'os sans chair, éclaboussée de sang, maintenue par des muscles,

5°/ Charpente d'os sans chair, ni sang, maintenue par des muscles,

6°/ Os éparpillés en toutes directions, ici une main, là un pied, une omoplate, un fémur, un bassin, des vertèbres, un crâne, le disciple songeant à son propre corps dirait : " Ceci, qui est mon corps, a aussi cette nature, cette destinée et n'y peut échapper. " 

 7°/ Et, poursuivant, le disciple voyant des ossements desséchés comme des coquillages,

8°/ Des ossements entassés après des années d'abandon,

9°/ Des ossements réduits en poussière, pense de son propre corps : " Ceci, qui est mon corps, a aussi cette nature et n'y peut échapper. "  

Ainsi il demeure dans la contemplation de son corps, de celui des autres, ou de tous ensemble. Il discerne comment son corps naît et disparaît, comment naissent et disparaissent les corps : " Il y a ici un corps ".

Cette perception conscience existe en lui grâce à son savoir et à son attention. Et il vit indépendant, détaché de toutes choses au monde. Ainsi demeure le disciple dans la contemplation du corps.

 

 

 

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