KAMMA

Le monde réel n'a aucune ressemblance avec le monde des contes de fées, où tous vécurent ensuite très heureux. Nous ne pouvons éviter la vérité que la vie est imparfaite, incomplète, insatisfaisante -  la vérité de l'existence de la souffrance.

Etant donné cette réalité, l'important est pour nous de savoir si la souffrance a une cause, et dans ce cas s'il est possible de supprimer cette cause. Si les phénomènes causant notre souffrance sont purement fortuits, nous sommes impuissants et autant abandonner la tentative de trouver un moyen de se libérer de la souffrance. Ou bien, si nos souffrances sont dictées par un être omnipotent agissant de manière arbitraire et insondable, il faut alors trouver comment se le concilier afin qu'il ne nous inflige plus de souffrances.

Le Bouddha saisit que notre souffrance n'est pas le pur fruit du hasard. Elle a des causes sous-jacentes, de même que tous les phénomènes ont des causes. La loi de cause et effet - le Kamma - est universelle et forme la base de l'existence. Les causes ne sont pas non plus hors de notre contrôle.

Le terme Kamma  (ou Karma sous sa forme sanskrite plus connue) est généralement compris du grand public dans le sens de "destin". Or les connotations de destin sont l'exact opposé de ce qu'entendait le Bouddha par kamma. Le destin est une chose hors de notre contrôle, le décret de la providence, ce qui a été ordonné d'avance pour chacun de nous, alors que kamma signifie littéralemnt "action". Nos propres actes sont les causes de tout ce que nous vivons : " Tous les êtres possèdent leurs propres actes, héritent de leurs actes, ont pour origine leurs actes; leurs actes sont leur refuge. A la mesure de leurs actes nobles ou vis, ainsi sera leur vie."

Tout ce que nous rencontrons dans notre vie est le résultat de nos propres actes. Par conséquent, chacun de nous peut devenir maître de son propre destin en devenant maître de ses actes. Chacun de nous est responsable des actes qui engendrent sa souffrance. Chacun a les moyens de mettre fin à la souffrance contenue dans ses actes. Le Bouddha dit :

    Vous êtes votre propre maître,

    Vous faites votre propre avenir.

Nous devons prendre conscience de ce que nous faisons, puis apprendre à accomplir des actes qui nous mèneront là où nous souhaitons vraiment aller.

Dans la théorie bouddhique du Kamma, ce mot revêt un sens spécifique : celui d' "action volontaire", et non pas de n'importe quelle action. Il ne signifie pas non plus le résultat du kamma , sens dans lequel beaucoup de personnes emploient ce terme à tort et bien inexactement. Dans la terminologie bouddhique kamma ne signifie jamais ses effets; les effets du kamma sont appelés "fruits" ou "résultats" (kamma-phala).

La volonté, relativement, peut être bonne ou mauvaise, de même que le désir peut être bon ou mauvais. Un bon kamma (kusala) produit de bons effets, alors qu'un mauvais kamma (akusala) a de mauvais effets. La "soif", la volition, le kamma, bon ou mauvais, a pour effet une force : la force de continuer  _ de continuer dans une direction bonne ou mauvaise. Le bien ou le mal, cela est relatif et se situe dans le cercle de continuité (samsâra). Un Arahant, bien qu'il agisse, n'accumule pas de kamma, parce qu'il est libéré de la fausse notion de soi, qu'il est libéré de la "soif" de continuité et de devenir, de toutes les autres souillures et impuretés. Pour lui il n'y a plus de renaissance.