LA CAUSE DE LA SOUFFRANCE

Quels actes mentaux déterminent notre destin ?

Si l'esprit ne consiste rien d'autre que la conscience, la perception, la sensation et la réaction, lequel de ces agrégats engendre la souffrance ? Chacun est impliqué à un degré ou un autre dans le processus de la souffrance. Cependant les trois premiers sont essentiellement passifs. La conscience reçoit simplement les données brutes de l'expérience, la perception range les données dans une catégorie (auditive, olfactive, gustative, ...), la sensation signale l'apparition des étapes précédentes. Le travail de ces trois agrégats consiste simplement à digérer l'information entrée. Mais quand l'esprit commence à réagir, la passivité est remplacée par l'attirance ou le  rejet - aimer ou ne pas aimer. Cette réaction déclenche un nouvel enchaînement de phénomènes. Au commencement de la chaîne se trouve la réaction, sankhara. C'est pourquoi le Bouddha dit :

Toute souffrance apparaissant a pour cause une réaction. Si toutes les réactions cessent, il n'y a plus de souffrance. 

La réaction se répète d'instant en instant, s'intensifiant à chaque répétition et aboutissant au désir ou à l'aversion. Et plus le désir et  l'insatisfaction deviennent forts, plus leur influence sur notre pensée, notre parole et nos actes est profonde  - et plus ils causeront de souffrance.

Certaines réactions, dit le Bouddha, sont comme des lignes tracées à la surface d'une étendue d'eau : aussitôt tracées, aussitôt disparues. D'autres comme des lignes tracées sur le sable d'une plage : tracées le matin, elles sont disparues le soir, effacées par le vent ou la marée. D'autres sont comme des lignes profondément gravées dans la roche avec ciseau et marteau. Elles aussi seront effacées par l'érosion de la roche, mais leur disparition prendra des siècles.  

Le premier pas pour émerger de cette souffrance est d'en accepter la réalité, non comme un concept philosophique ou un acte de foi, mais comme une réalité de l'existence qui affecte chacun dans sa vie.

Cette acceptation, accompagnée d'une compréhension de la nature de la souffrance et des raisons de notre souffrance, nous permet de cesser d'être involontairement conduits par nos actes et de commencer à nous conduire avec autonomie. En apprenant à comprendre directement notre propre nature, nous pouvons nous établir sur le chemin menant hors de la souffrance.