METHODE PRATIQUE DE LA MEDITATION (par ANN Tay Kim)
Editions : ANN AMATA 4 place des AUBEPINES
77420 CHAMPS SUR MARNE (FRANCE)
REMERCIEMENTS :
Je remercie Monsieur TAN Bun Sor, mon ancien professeur de Mathématiques à la Faculté de Sciences de Phnom Penh qui m'a encouragé à écrire ce petit livre.
Je remercie par ailleurs Monsieur Philippe FROMONT, assistant-enseignant de Acaryia Shri S.N Goenka (professeur de Vipassana, disciple de Sayagyi U Ba Khin) qui a bien voulu relire, corriger et compléter mon manuscrit.
A mes parents, mes maîtres, et à tous ceux qui sont sur le chemin de la délivrance.
I. INTRODUCTION.
L'enseignement du Bouddha s’attache surtout à aider les êtres à éliminer leurs souffrances.
Il ne faut pas croire qu'en écoutant ou en lisant ces quelques pages, vous arriverez à éliminer vos souffrances. La connaissance théorique de la technique ne constitue qu'un premier pas vers ce but final. Il faut surtout la "pratiquer" pour obtenir le résultat attendu.
Il faut remarquer que les bonzes bouddhistes ne vont jamais vers les autres pour diffuser l'enseignement du Bouddha : on n'enseigne qu'à ceux qui veulent l'entendre. Ce sont plutôt ceux qui veulent connaître l'enseignement du Bouddha qui demandent aux bonzes de le leur enseigner. Il faut faire la distinction entre le demandeur et le demandé. Dans la tradition bouddhique, le bonze n'est jamais demandeur.
Est-ce que vous avez déjà vu un bonze venir chez vous sans que vous ne l'invitiez ? Par contre si vous l'invitez, il est de son devoir de répondre à votre invitation, et dans ce cas il faut avoir la politesse de l'écouter quand il parle, c'est-à-dire de ne pas bavarder pendant qu'il récite la prière ou fait le sermon.
La technique que je vais vous exposer est si précieuse que l’on n'a pas besoin d'avoir recours à la publicité. Mais comme on a toujours des amis ou des êtres chers, on aimerait bien leur faire connaître cette technique.
Mais il faut toujours adopter la discipline des bonzes, c'est-à-dire ne forcer personne, n'imposer à personne d’accepter telle technique.
Cette technique comprend trois parties :
L’enseignement tout entier du Bouddha (Le Noble Sentier) peut se réduire à ces trois volets :
- La première partie s'appelle Sila (Le développement de la moralité, les préceptes).
Sila est la base sans laquelle il est impossible de pratiquer les deux autres parties.
- La deuxième partie s’appelle Samadhi (Concentration de l’esprit). Pour acquérir samadhi, on pratique la technique d’Anapana.
- La troisième partie s’appelle Panna (Développement de la sagesse). Pour acquérir panna, on pratique Vipassana.
Avant d'entrer dans les détails de la technique, commençons par constater certains événements de notre vie courante, c'est-à-dire notre vie de tous les jours.
2. OBSERVATION DE NOTRE VIE COURANTE.
Quand survient un événement heureux, on est content, on saute de joie …
Quand survient un malheur, on est triste, on pleure, on se lamente etc…
Les producteurs de cinéma utilisent ces deux constatations pour s'enrichir : ils exploitent les sentiments des spectateurs.
Dans un film ou dans un roman, le metteur en scène ou l'auteur intercale ces deux événements qui sont le bonheur et le malheur et ce, du début jusqu'à la fin. Parfois il commence par des événements malheureux pour finir par des événements heureux, parfois c'est l'inverse.
Bien que ce ne soient que des romans, il y a toujours une part de réalité dans le récit. Car dans la vie il y a toujours des hauts et des bas, des événements heureux suivis d'événements malheureux et vice-versa.
Ceci permet de conclure que
"TOUT EST IMPERMANENT" (Anicca).
Tout est éphémère, rien n'est permanent. Tout est illusion. Pourquoi s'attacher à ces illusions ?
S'attacher à ces illusions ne peut que nous procurer de la déception, d'où la "SOUFFRANCE" (Dukkha).
Le bonheur réel ne commence que lorsque nous avons détruit l’illusion du Moi, cette vue fausse qui est à l’origine de tout ce qui est mal dans le monde : l’attachement, la haine, la malveillance, l’orgueil, l’égoïsme et les autres souillures et impuretés.
C’est la doctrine du NON-SOI (Anatta) (voir l’exemple en Annexe).
La plupart des événements de notre vie sont indépendants de notre volonté.
Il ne s'agit pas de vous fournir la technique pour changer le cours de l'événement comme un magicien, mais c'est plutôt dans le but de vous prévenir qu'il ne faut pas oublier que " tout est impermanent".
Si l'événement malheureux succède à l'événement heureux, il ne faut pas trop s'attrister car c'est la loi de la nature, rien n'est permanent. Il est facile de l’admettre intellectuellement, mais très difficile à pratiquer. C’est pourquoi il est indispensable d’observer la réalité profonde de l’existence (tout est souffrance, tout est impermanent) de manière pratique.
Vipassana est la technique pour observer cela de manière correcte. Le sens du mot Vipassana est : "Voir les choses comme elles sont vraiment".
3. QUELLE EST L'ORIGINE DE LA SOUFFRANCE ?
Comme toute maladie, pour la guérir il faut en connaître la cause. Pour éliminer la souffrance il faut en connaître l’origine. Une fois la cause de la souffrance connue, on comprend qu’il y a un moyen pour l’éliminer.
Ce moyen est le Noble Sentier, c’est-à-dire S²la, Samadhi et Panna.
Les deux causes principales de la souffrance sont :
- l'AVIDITE,
- l'AVERSION.
- L'avidité est ce que l’on ressent quand on espère ou que l’on passe par une expérience plaisante. C'est la convoitise, le désir etc…
- L'aversion est ce que l’on ressent quand on redoute ou que l’on passe par une expérience déplaisante. C'est la haine, la colère, etc...
Exemples d'avidité :
- un parfum dont l'odeur nous plaît,
- une jeune fille dont la beauté nous séduit,
- le pouvoir, la richesse, la puissance sont des facteurs d'avidité.
Exemples d'aversion :
- La laideur, la haine, la jalousie, la séparation de ce que l’on aime, la maladie, la vieillesse, la mort sont des facteurs d'aversion.
Prenons un exemple :
Un homme vous adresse des paroles malveillantes, grossières. Vous réagissez par la colère, en pensant :
"Pourquoi ose-t-il me parler ainsi? Moi un homme riche, respectable ayant beaucoup de diplômes alors que lui est mon subordonné ? "
Relevons les sentiments qui se manifestent en vous dans cet exemple.
Il y a :
. La colère (suite aux paroles injurieuses)
. Le sentiment de supériorité (riche, cultivé)
. Le mépris des autres.
D'après vous, selon votre propre expérience, celui qui a ces sentiments est-il heureux ou malheureux ?
S'il est malheureux, il est dans la souffrance.
Toute souffrance vient de nous-mêmes et non pas de l'extérieur de nous-mêmes.
4. COMMENT UN EVENEMENT EXTERIEUR PEUT-IL NOUS ATTEINDRE ?
Exemples :
Un événement extérieur arrive à entrer à l'intérieur de nous par nos six portes de la perception (Salayatana) : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, l’esprit, et rentre en contact avec notre conscience (Vinnana).
Par rapport aux critères propres à chacun, nous jugeons cet événement (avec notre Sanna) et lui affectons une valeur qui à son tour déclenche une sensation sur le corps : agréable (sensation plaisante), désagréable (sensation déplaisante) (Vedana).
En fonction de cette sensation nous "REAGISSONS" avec aversion ou avidité (Sankhara) .
Nous voyons ainsi que c'est le fait de "REAGIR" qui déclenche l'aversion ou l'avidité qui sont à l'origine de la souffrance.
La technique enseignée par le Bouddha consiste donc à ne pas "réagir", que ce soit par AVIDITE ou par AVERSION. Lorsqu’il n’y a plus de réaction (Upekkha), l’esprit se purifie instantanément.
5. QU'EST-CE QU'UNE SENSATION ?
Peut-être l’avez-vous déjà remarqué : quand vous êtes en colère, vous ressentez quelque chose qui se propage le long de votre corps.
Une sensation peut être :
la chaleur, le froid, le picotement, la tension, la pulsation, la douleur etc…. Tout ce qui se manifeste à un moment donné sur un endroit de notre corps.
6. TECHNIQUE DE LA MEDITATION DE CONCENTRATION (ANAPANA)
Il y a plusieurs techniques pour amener l’esprit à la concentration. La technique dont je vous parle ici est celle enseignée par le Bouddha. Elle permet de concentrer l’esprit à l’aide d’un objet universel, le souffle, qui nous accompagne de la naissance à la mort, donc disponible pour tous et à tout moment. C’est un objet de concentration acceptable par tous, quelles que soient leurs croyances et leur culture.
C'est une technique qu'on peut pratiquer n'importe où, à n'importe quel moment sans faire appel à aucun instrument. Nous nous servons de notre corps pour la pratiquer.
On peut décomposer cette technique en trois phases :
1 La première phase consiste :
- A être conscient de l'air qui entre et qui sort de chaque narine ou des deux narines à la fois.
- A observer le contact de l'air qui entre et qui sort des narines.
Ayant conscience de l'air qui rentre et qui sort de chaque narine, on observe la sensation de la narine quand l'air entre dans la narine, puis on observe la sensation de la narine quand l'air sort de la narine.
Si on ne sent rien, alors on fait une inspiration forcée et une expiration forcée pendant 2 ou 3 minutes puis on revient à la respiration normale. Je dis respiration normale, c'est-à-dire sans forcer. Tout le monde n'a pas la même respiration, et celle-ci peut varier chez la même personne selon le moment. La respiration sera peut-être légère, à d’autres moments forte, ceci est sans importance.
La respiration normale consiste à respirer selon le rythme naturel, l'habitude de chacun.
2 La deuxième phase consiste :
- A observer la sensation éprouvée dans la zone située au-dessous de la narine et au-dessus de la lèvre supérieure.
3 La troisième phase consiste :
- A réduire la zone d'observation de la 2ème phase, pour ne se concentrer que sur une zone triangulaire assez réduite au-dessous des narines. On observe la sensation dans cette zone. On essaie ensuite de réduire cette zone jusqu'à un point.
Au centre Vipassana de Dhamma Mahi près d’AUXERRE, la pratique d’ANAPANA porte sur trois jours :
- la première phase pour la première journée.
- la 2ème phase pour la 2ème journée.
- la 3ème phase pour la 3ème journée.
Pour pratiquer la méditation, on peut s’asseoir en position de lotus, le dos droit, les jambes croisées (voir la position assise des statues du Bouddha). Ou bien toute autre posture qui vous convienne : en tailleur, à genoux, etc. Il convient de garder la nuque et le dos droits.
Pour assurer la concentration, on ferme les yeux.
Mais attention si vous pratiquez la méditation dans un lieu public, il ne faut pas attirer l'attention des autres en fermant les yeux ou en s'asseyant en position de lotus.
7. VIPASSANA.
Pour chaque être humain, on peut distinguer deux parties :
- la partie physique (le corps),
- la partie psychique (l'esprit).
Pour la partie psychique, il y a :
- la conscience
- l'inconscient.
On devient un être éveillé si la conscience occupe toute la partie de l'inconscient.
Au fur et à mesure que l’on progresse, on pratique successivement les trois phases pendant la durée d'une heure de méditation.
VIPASSANA permet de développer "la Sagesse", en faisant remonter à la conscience, la partie de l'inconscient.
Notre organisme a besoin de nourriture pour vivre, le mental a aussi besoin de "Sankhara" (formations mentales) pour se nourrir.
Comme l'organisme peut encore continuer à vivre si on ne mange pas pendant un certain nombre de mois (car dans ce cas il se nourrit des matières grasses en réserve), le mental qui se nourrit de sankhara, peut aller chercher les sankhara stockés dans l'inconscient si on ne produit pas de nouveaux sankhara.
Ce qui revient à dire que si on ne produit pas de nouveaux sankhara, les sankhara stockés dans l'inconscient vont diminuer.
Le but de Vipassana est de détruire les sankhara existants en ne produisant pas de nouveaux sankhara.
Les sankhara sont les fruits de l'aversion et de l'avidité.
Ne pas produire de sankhara revient à ne pas avoir d'AVERSION ou d'AVIDITE.
Quand on n'a plus de sankhara, on devient un illuminé, un ARAHANT.
Dans notre corps, la partie physique et la partie psychique ne sont pas indépendantes. Le contenu de l'esprit se manifeste à travers le corps par des sensations.
Par exemple quand on a le trac, on constate que le corps tremble : le trac est le contenu de l'esprit et le tremblement du corps est la sensation du corps.
En résumé, le contenu de l'esprit se manifeste par les sensations sur le corps.
Toute la technique repose sur l'observation de ces sensations.
8. TECHNIQUE DE VIPASSANA.
Pour pratiquer cette technique, il convient de participer à un séminaire de dix jours, indispensable pour comprendre les bases de la pratique. Il est absolument nécessaire de suivre l’enseignement d’un maître compétent afin de comprendre correctement cette technique. Pour cela, un séminaire de dix jours est la durée minimale.
L’entraînement consiste, une fois la concentration développée par la pratique d’¾n±p±na, à observer les sensations sur le corps en comprenant la caractéristique principale de celles-là : l'Impermanence.
Cet exercice nous permet de cesser de s’identifier à ces sensations, et de modifier durablement les schémas réactionnels de l’esprit.
Une sensation peut être :
- agréable
- désagréable (douleur)
- neutre.
Que la sensation soit agréable, désagréable ou neutre, on reste toujours "EQUANIME", c'est-à-dire qu'on ne s'attache pas aux sensations agréables. De même, on ne repousse pas les sensations désagréables. On observe seulement ces sensations.
Il faut bien noter la phrase "Observer la sensation", c'est-à-dire on observe la sensation mais on ne cherche pas la sensation.
Toute sensation peut apparaître, durer un certain temps et disparaître ensuite.
Tout apparaît et disparaît : Anicca.
C'est la loi de la nature.
En résumé, pour pratiquer Vipassana, on observe les sensations du corps de différentes façons, selon le type d’expérience par lequel on passe.
Quand on observe la sensation, on doit rester équanime, pour toutes sortes de sensations, en pensant à Anicca (l’impermanence, c'est-à-dire : tout apparaît et disparaît.)
Il est important de n'oublier aucune partie du corps.
Si on en arrive au stade où on ne ressent plus de sensations désagréables, on peut balayer tout le corps de la tête aux pieds en une seule expiration, et balayer tout le corps des pieds à la tête en une seule inspiration.
On parvient alors à un stade important : Bhanga, la dissolution totale de la structure mentale et physique.
9. QUELQUES REMARQUES SUR LA TECHNIQUE.
La technique nous dit ce qu'il faut faire.
Par expérience, il faut dire aussi ce qu'il faut éviter. Car si on commet des erreurs en appliquant la technique, alors au lieu de diminuer les sankhara, on ne fait que les multiplier.
Il ne faut pas que :
l'aversion génère de l’aversion,
l'avidité génère de l’avidité.
Pendant la pratique de la technique, il arrive souvent qu'on ait des douleurs sur certaines parties du corps. Les douleurs font partie des sensations désagréables, donc elles peuvent générer de l’aversion.
Si vous haïssez cette sensation (qui est ici la douleur), alors vous générez encore de l’aversion.
Il faut s’efforcer de rester équanime en pensant à Anicca, c'est-à-dire que cette sensation qui est désagréable à cet instant est impermanente, elle apparaît et disparaît.
Il arrive que pour certaines parties du corps , vous ayez une sensation agréable.
Là aussi il ne faut pas s'attacher à cette sensation, sinon vous générez des saªkh±ra d'avidité.
Ce qu'il faut faire, c'est rester équanime en pensant à Anicca.
Quand on pratique Vipassana, il ne faut pas avoir l'ambition d’atteindre l’illumination (ou devenir un Arahant), ou bien en pensant que " je pratique Vipassana pour devenir "sage", pour avoir plus d'intelligence", car toutes ces pensées ne font qu'augmenter l'avidité.
Il faut laisser agir le Dharma ou Dhamma (Loi de la Nature découverte par le Bouddha).
La nature est pure. La nature nous aide toujours. Donc on n'intervient pas, on ne fait rien, on observe seulement les sensations et on laisse la nature faire le reste.
Il arrive qu'un jour vous n'ayez plus de sensation désagréable et que le jour suivant vous ayez de nouveau des sensations désagréables. Il ne faut pas se décourager, car les sankhara, une fois remontés à la surface, se manifestent sous forme de sensations agréables ou désagréables.
Ces sensations désagréables montrent que vos sankhara d’aversion remontent à la surface.
Les sensations agréables montrent que vos sankhara d’avidité remontent à la surface.
Si vous les observez avec Equanimité, c'est-à-dire sans avidité ni aversion, alors ces sankhara s'élimineront.
Il arrive que vos pensées s'envolent ailleurs au lieu d'observer les sensations, alors il faut les ramener doucement vers la méditation sans vous énerver, en acceptant simplement le fait que vous venez de vous distraire. Vous pouvez aussi revenir à ¾n±p±na pendant quelques minutes pour augmenter votre concentration.
La durée moyenne d'une séance de méditation est d'une heure, mais plus les efforts sont soutenus, meilleurs sont les résultats.
10. COMMENT FAIRE LORQU'ON EST EN COLERE ?
Quand quelqu'un vous insulte par exemple, vous réagissez en générant des aversions. Pour éviter de multiplier les sankhara d'aversion on n'essaie pas de contenir la colère car cela ne fait que la refouler vers l'inconscient.
Quand on est en colère il faut reconnaître qu'on est en colère. "Moi, je suis en colère. Allons voir quelle est ma sensation en ce moment", et après on observe la sensation.
La technique consiste à voir les choses telles qu'elles sont. On ne les refoule pas, mais au lieu de réagir, on observe la sensation avec Equanimité en pensant à Anicca.
Par la pratique de Vipassana, au moment où on se met en colère, un méditant de Vipassana est conscient de l'arrivée de cette colère comme s'il était prévenu par un secrétaire qui le suivrait partout 24 heures sur 24.
Ce secrétaire lui dirait "Attention Monsieur ! (ou Madame ou Mademoiselle), vous allez vous mettre en colère !".
Ayant ainsi été prévenu, au lieu de réagir, il observerait la sensation.
Dans la tradition bouddhique, la pratique de Vipassana est la dernière étape.
La majorité des bouddhistes pratiquent tout d’abord :
- Sila (Morale, disciplines ou préceptes enseignés par le Bouddha)
- puis Samadhi (Concentration)
- et en dernier Vipassana (Panna, la Sagesse).
11. QUELQUES TERMINOLOGIES.
11.1 : Le Triple Joyaux :
- le Bouddha,
-le Dhamma (enseignements de Bouddha),
- le Sangha (communauté des moines bouddhistes).
Dhamma (La Loi de la Nature) se divise en deux branches : la pratique (Patipatti) et la théorie (Pariyatti).
On trouve la théorie dans les paroles du Bouddha, regroupées dans ce que l’on a appelé les Trois Corbeilles (Tripitaka). Ces trois corbeilles sont :
- Vinaya : Les règles de discipline monastique
- Sûtra ou Sutta : Les discours populaires du Bouddha lui-même, et de quelque-uns de ses disciples
- Abhidhamma : Rassemble les commentaires et discussions des Soûtra et du Vinaya par les maîtres des époques postérieures, ainsi que les enseignements du Bouddha destinés aux pratiquants très avancés.
11.2 : PARAMITA, Les Dix Perfections :
C'est atteindre la Terre de Bouddha grâce aux différentes méthodes pratiques du Bouddhisme. Les 10 méthodes utilisées pour traverser ce monde de naissance et de mort à la rive de la Terre d'Illumination sont :
1. Générosité, Don (Dana)
2. Moralité (Sila)
3. Renoncement (Nekkhama)
4. Sagesse (Panna)
5. Energie, effort (Viryia)
6. Patience (Khanti)
7. Vérité (Sacca)
8. Détermination (Adhitthana)
9. Amour altruiste (Metta)
10. Equanimité (Upekkha).
11.3 : EXEMPLES DE P¾RAMIT¾.
1. Puissé-je être Généreux et prêt à aider autrui. (Dana - Bonté).
2. Puissé-je être bien Attentionné dans mes façons d’être. Puissé-je être Pur et Clair dans tout ce que j’entreprends. Que mes pensées, mes paroles et mes actes soient purs. (Sila).
3. Puissé-je ne pas être égoïste ni possessif mais sans Ego et Désintéressé. Que je sois capable de sacrifier mon plaisir pour le bien d’autrui. (Nekkhama - Renoncement).
4. Puissé-je avoir la Sagesse et être capable de voir les choses telles qu'elles sont réellement. Que je voie la vérité dans sa lumière et conduise les autres des ténèbres à la clarté. Puissé-je réaliser le parfait Eveil et être capable d'amener autrui au Parfait Eveil. Que les autres profitent de mon Savoir. (Panna - Sagesse).
5. Puissé-je être Energique, Vigoureux et Persévérant. Que mon combat soit diligent jusqu'à ce que j'atteigne mon But. Que je sois sans crainte face aux dangers pour surmonter courageusement tous les obstacles. Puissé-je être capable de servir autrui au mieux de mes capacités. (Viriya – Energie).
6. Puissé-je toujours être Patient, porter et supporter les erreurs d'autrui. Puissé-je toujours être Tolérant et voir la Bonté et la Beauté en tout. (Khanti – Patience).
7. Que je sois toujours Véridique et Honnête. Que je ne cache pas la Vérité par politesse. Que je ne m'écarte jamais du chemin de la Vérité. (Sacca -Vérité).
8. Puissé-je être Ferme, Résolu avec une volonté de fer. Doux comme une fleur, Solide comme un roc. Que mes principes soient toujours Nobles. (Adhitthana – Détermination).
9. Puissé-je toujours être bienveillant, amical et plein de compassion. Que je considère tous les êtres comme mes frères et mes soeurs, que je fasse un avec eux. (Metta – Amour Altruiste).
10. Puissé-je rester calme, Serein, Inébranlé et en Paix. Que j'obtienne un esprit équilibré. Puissé-je avoir une parfaite Equanimité. (Upekkha – Equanimité).
12. ENVOI DE METTA.
A la fin de chaque séance de Méditation, on se dégourdit les jambes. Une fois qu'on n'a plus de sensations désagréables, on envoie le METTA aux êtres qui nous sont chers, par exemple, à
- nos ancêtres,
- nos parents,
- nos enseignants,
- etc…
Pour cela on prononce (par pensée) les phrases suivantes :
"Puissé-je être libéré de toute
- colère,
- haine,
- animosité.
Puissé-je être
- calme,
- harmonieux,
- bienveillant,
- plein d'amour et de compassion.
Que tous les êtres puissent partager
- mon calme,
- mon harmonie,
- ma sagesse,
- mon DHARMA.
Puissent tous les êtres, de près ou de loin, visibles ou invisibles, ETRE HEUREUX.
Puissent tous les êtres être heureux."
Les phrases ci-dessus ne sont que des exemples, vous pouvez formuler par vous-même d'autres phrases.
13. PRATIQUE DE VIPASSANA
Pour le calendrier des cours de méditation VIPASSANA, on peut contacter la pagode de Champs sur Marne ou le centre de VIPASSANA près d’Auxerre.
13-1 Adresse de la pagode de Champs sur Marne :
VATT BODHIVANSA
101, boulevard de la République
77420 Champs sur Marne (France)
Tél : +33/(0)1-60-06-44-98 / Fax : +33/(0)1-64-62-17-41
13-2 Adresse du Centre de Méditation :
DHAMMA MAHI / Centre VIPASSANA
‘Le Bois Planté’
89 350 LOUESME (France).
Tél : +33/(0)3-86-45-75-14 / Fax : +33/(0)3-86-45-76-20
Le Centre DHAMMA-MAHI dispose aussi d'un service "VIPASSANA-LIVRE", qui permet la vente de livres sur la méditation, sur l’enseignement du Bouddha, etc...
Pour tout renseignement, contactez le Centre.
L’enseignement est fait en français et en anglais.
Il faut noter que les cours sont gratuits. Les participants au cours peuvent aider la pagode ou le centre (s'ils le désirent) par des dons (Dana).
14. CONCLUSION.
Toute la technique (ANAPANA et VIPASSANA) est basée sur l'observation de la respiration et des sensations du corps.
Une fois la technique apprise lors d’un séminaire de pratique intensive, on peut la pratiquer indépendamment du lieu ou du temps, par exemple en marchant ou en mangeant, etc...
C'est une technique. Ce n'est pas un rite. Elle est donc indépendante de toute croyance religieuse.
Ce n'est pas non plus une secte, car la technique repose sur la loi de la Nature, loi aussi universelle que la loi de NEWTON en physique.
Champs sur Marne le 5 Octobre 1996.
15. BIBLIOGRAPHIE
Les documents manuscrits.
Les livres de VIPASSANA en langue cambodgienne. (Vénérable NGIN Phen, Editions de Vatt Bodhivansa).
L’art de vivre (William Hart, Editions du Seuil).
(Pour plus de détails sur la technique, consultez ce livre).
THE TEACHING OF BUDDHA Bukkyo Dendo KYOKAI
Minato-ku, Tokyo, Japan T108.
Sur les traces de Siddhartha (Thich Nhat Hanh, POCKET).
L’enseignement du Bouddha (Walpola Rahula, Editions du Seuil).
Vocabulaire Pali-Français des termes bouddhiques (Nyanatiloka, Editions ADYAR).
Le monde du bouddhisme tibétain (S.S. le Dalai-Lama, POCKET).
Méditer au quotidien (Hénépola Gunaratana, MARABOUT).
16. ANNEXES.
16.1 LES CINQ PRECEPTES.
Les cinq préceptes de la vie quotidienne d’un laïque sont :
- ne pas tuer,
- ne pas mentir,
- ne pas voler,
- ne pas être avide (commettre l’adultère),
- ne pas prendre des intoxiquants ou des drogues.
16.2 EXEMPLE DE COMPASSION POUR LES ANIMAUX.
Un jour, les disciples rencontrèrent dans les rizières un groupe d'enfants qui avaient attrapé un crabe. L'un d'eux le tenait entre le pouce et l'index, et de son autre main arracha l'une des pinces du crabe sous les cris de joie de ses petits camarades.
Encouragé, il enleva l'autre pince, puis toutes les pattes de l'animal, une par une.
Ensuite, il jeta le crustacé dans la rizière pour en attraper un autre.
Quand les enfants aperçurent le Bouddha et les disciples, ils les saluèrent avant de retourner tourmenter un pauvre crabe. L'Eveillé leur intima l'ordre d'arrêter.
"Mes enfants, si quelqu'un s'amusait à vous arracher le bras ou la jambe, cela vous ferait-il mal ?"
"Oui, Maître, s'écrièrent-ils tous en choeur."
"Savez-vous que les crabes ressentent la douleur, tout comme vous ?"
Les enfants honteux, restèrent silencieux.
Le Bouddha continua :
"Le crabe mange et boit, comme vous le faites. Il a des parents, des frères et des sœurs. Quand vous le torturez, vous causez de la souffrance à sa famille. Réfléchissez à cela."
Les enfants parurent désolés de leur mauvaise action.
D'autres villageois s'étant rassemblés autour d'eux, le Bouddha en profita pour leur transmettre un enseignement sur la compassion.
"Chaque être vivant mérite de jouir d'un sentiment de sécurité et de bien-être.
Nous devons protéger l'existence et apporter le bonheur aux autres. Tous les êtres vivants, qu'ils soient petits ou grands, qu'ils aient deux ou quatre jambes, qu'ils nagent ou qu'ils volent, ont le droit de vivre. Nous ne devons ni les faire souffrir, ni les tuer."
16.3 QUELQUES SUJETS DE REFLEXION.
Chaque fois qu'une pensée apparaît à l'esprit, nous sommes conscients des sensations qui l'accompagnent, apparaissant et disparaissant.
Nous persistons dans nos réactions aveugles et les laissons s'intensifier.
Le désir intensifie les sensations agréables, et les sensations agréables intensifient le désir.
Celui qui demeure paisible, ayant abandonné toute idée de victoire ou de défaite, se maintient dans le bonheur.
Soyez ardent, zélé, attentif à votre salut.
Tout ce qui est sujet à naître est sujet à périr.
Le sage n'asservit pas l'acte, il ne se l'approprie pas. Ne se l'appropriant pas, il ne se tourmente pas. Ne se tourmentant pas, il est de par lui-même et intérieurement tout à fait apaisé. S'il éprouve une sensation agréable, il l'éprouve avec détachement.
Délivrance signifie abolition de toute souillure et de toute passion.
Se dégager de la vérité conventionnelle et discriminatoire pour atteindre la vérité ultime où toute illusion s'efface, où l'on accède à la compréhension que tout n'est que "représentativité".
Les six défenses de l'éléphant blanc représentent la victoire sur les six sens (le 6ième sens est l'organe mental).
Demeurer dans la pleine conscience afin de réaliser la paix, la joie et la libération et de devenir un refuge, un soutien pour vos amis tout au long du chemin.
Réjouissez-vous, quand vous pratiquez avec assiduité et profit.
Ne soyez pas esclaves ni de la joie du succès, ni du chagrin de l’échec.
Adoptez une attitude égale devant l’un et l’autre.
Vous devez vous réfugier en vous-même et être une île intérieure.
Ne vous fiez à rien d’autre pour ne pas vous noyer dans les vagues du chagrin et du désespoir.
Prenez refuge dans le Dhamma et considérez le comme votre île (votre soutien).
Tous les phénomènes sont impermanents. S’il y a la naissance, il y a la mort. Soyez vigilants dans vos efforts pour atteindre la Libération !
16.4 UNE INTERPRETATION DE LA DOCTRINE DU NON-SOI : Anatta.
On peut se poser la question suivante :
Est-ce que notre corps nous appartient ?
A première vue cela paraît évident. On ne se pose même pas de question.
Bien sûr, mon corps m’appartient, je suis le propriétaire de ce corps. Personne ne peut le toucher ou le déranger sans mon accord.
Si ce corps vous appartient alors il doit vous écouter et faire ce que vous lui demandez. Par exemple, quand il tombe malade, vous lui dites "Toi, tu ne dois pas être malade". Le corps peut vous répondre : "Je veux bien Monsieur, mais cela ne dépend pas de moi, je suis attaqué par tel ou tel microbe ou tel ou tel virus".
Mais ce microbe ou ce virus, d’où vient-il ? Qui l’a produit ? etc...
Cet exemple vous montre l’interdépendance des phénomènes :
Tous les phénomènes sont interdépendants, conditionnés, autrement dit un phénomène indépendant n’existe pas.
Tous les phénomènes sont vides d’existence propre (la vacuité).
C’est la doctrine du Non-soi, du Non-égo (Anatta), dans le Bouddhisme.
Est-ce qu’un P.D.G. (Président Directeur Général) d’une entreprise possède tous les biens de cette entreprise ?
La réponse est non : il n’est que le représentant des actionnaires de l’entreprise.
S’il gère bien l’entreprise, celle-ci sera prospère.
Quand il la quittera, un nouveau P.D.G. le remplacera et il sera le P.D.G. d’une autre entreprise de taille plus ou moins importante selon ses mérites.
De même, nous ne sommes que le représentant du corps et de l’esprit.
Par exemple, un footballeur qui est fort et brillant aujourd’hui, le sera-t-il encore demain ?
Tout dépend de sa forme, de sa santé, des joueurs du camp adverse, etc...
Il faut donc rester toujours simple, humble, sans égo, sans arrogance, sans orgueil.
16.5 POURQUOI DEVONS-NOUS ENVOYER DU METTA A NOS ENNEMIS ?
Dans la phrase " Puissent tous les êtres être heureux", nous avons adressé nos pensées de bienveillance à tous les êtres sans exception, en particulier à nos ennemis aussi.
Il se peut que vous vous demandiez comment il est possible de souhaiter : "Que mes ennemis soient bien portants, heureux et en paix…"
D'un point de vue pratique, si vos ennemis étaient bien portants, heureux et en paix, ils ne seraient pas vos ennemis.
S'ils étaient libres de problème, de douleur, de souffrance, d'affliction, de névrose, de peur, de tension et anxiété, ils ne seraient pas vos ennemis.
Votre solution concrète est de les aider à surmonter leurs problèmes afin que vous puissiez vivre en paix et heureux.
Plus ils sont névrosés, plus ils souffrent de psychoses, de peurs, de tensions, d'anxiétés…, plus ils peuvent créer des problèmes, des douleurs et des souffrances au monde.
Quand vous haïssez quelqu'un, vous pensez :
"Qu'il soit laid, qu'il souffre, qu'il soit pauvre, inconnu, sans ami, malheureux…"
Mais ce qui arrive en réalité, c'est que votre propre corps secrète de telles toxines que vous ressentez des douleurs, une tension artérielle élevée, du stress. Votre visage change, vous perdez l'appétit, le sommeil et devenez désagréable envers les autres.
En un mot vous expérimentez les choses que vous souhaitez à votre ennemi.
Ainsi c'est dans votre intérêt, pour votre propre salut, que vous souhaitez le bonheur à votre ennemi.
16.6 QUE PENSER DU DESIR OU D’UN PROJET D’AVENIR ?
On peut avoir le désir d’aider les autres ou le désir de réussir dans la vie.
Ces désirs ne seront pas des causes de souffrance s’ils ne se transforment pas en attachement.
Un médecin a le désir de sauver la vie de ses malades. Si malgré ses efforts, son désir n’est pas réalisé, est-ce qu’il se lamente, pleure ou se décourage de son travail ? La réponse est non.
Ainsi il n’éprouve pas de souffrance car son désir est noble et désintéressé.
Une personne qui travaille dans le désir d’avoir un renom, une récompense ou une promotion à la fin d’année, risque d’avoir la souffrance, surtout quand ce désir de réussir devient un attachement, un désir avide.
On trouve plus de bonheur dans la vie si on travaille pour rendre service aux autres, par amour pour les autres, sans attendre de retour, par exemple :
un médecin rend service aux malades,
une secrétaire à son chef,
un attaché commercial aux clients etc..
17. L’AUTEUR
ANN Tay Kim, élève de la Pagode de son village, était un bonze à l'âge de 12 ans (un novice Samanera).
En quittant la Sangha (La communauté des moines), il poursuit ses études primaires, secondaires et supérieures.
Devenant ensuite professeur de Mathématiques aux lycées de PHNOM PENH (Cambodge) il continue ses études en France.
Il vit en France depuis 1973.
18. GLOSSAIRE DES TERMES P¾LI
Anapana : respiration , Anapana-Sati : attention à (ou conscience attentive de la respiration).
Anatta : non-soi, sans-égo, sans essence, sans substance.
Anicca : impermanent, éphémère, changement.
Arahant : un être libéré qui a complètement éliminé toutes les impuretés de l’esprit.
Arahat : état d’Arahant.
Dhamma : phénomène; objet mental; nature; loi naturelle; loi de la libération, c’est-à-dire enseignement d’un être Illuminé
(Sanskrit: dharma).Sankhara : formation mentale, activité volontaire, réaction mentale .
Sanna : perception, recognition.
Tipitaka : littéralement " trois corbeilles ". Les 3 recueils des enseignements du Bouddha (Sanskrit : Tripitaka).
- vinaya-pitaka : le recueil de la discipline monastique
- Sutta-pitaka : le recueil des discours
- Abhidhamma-pitaka : le recueil de l’enseignement supérieur.
Vedana : sensation.
Vinnana : conscience, cognition.
Vipassana : introspection, vision intérieure pénétrante purifiant totalement l’esprit.
Dix paramita :
- Dana : bonté
- Sila : l’éthique, la pureté des actions physique et verbales
- Nekhama : renoncement
- Panna : sagesse
- Viriya : énergie
- Khanti : patience
- Sacca : vérité
- Adhitthana : détermination
- Metta : amour altruiste
- Upekkha : équanimité.
Triple joyaux :
- le Bouddha :
- le Dhamma :
- le Sangha :
Racines d’action bonne :
- alobha : absence de convoitise
- adosa : absence de haine
- amoha : absence d’égarement.
********************* fin du livre : Méthode Pratique de la Méditation ************************